Monday, June 8, 2009

LES JEREMIENS N'ONT RIEN FOUTU POUR LA "CITE DES POETES"

Jacques Saint-Surin
Chicago, USA

Une assertion pareille suscitera surement l’indignation de pas mal de jérémiens. Mais je vous assure que les plus vexés ne pourront point répondre à la question suivante : « Qu’est-ce que vous aviez fait pour votre « Cité des Poètes ?»

L’orgueil et la fierté des jérémiens filtrent à travers toutes leurs conversations au cours desquelles ils s’empêtrent parfois même dans des pédanteries vaines et rocambolesques tant leur régionalisme aveugle leur raison. Cette attitude, bien souvent, écœure leurs interlocuteurs qui se plaisent à répandre cette critique disant que « moun Jérémie frékan anpil ». En bon français, cela revient à dire que les jérémiens se croient supérieurs aux autres.

Beaux parleurs aux envolées donjuanesques et parfois colorées de sophismes poétiques…C’est le fort de bon nombre de jérémiens. Mais leurs « ramages ne riment point aux plumages » des rudes réalités sociales qui crèvent l’œil du touriste à Jérémie et dans la Grand’Anse.

Quand j’étais gosse, j’ai toujours entendu dire que Jérémie et Jacmel étaient deux villes sœurs, tant elles exhibaient les mêmes caractéristiques du point de vue social, spirituel, culturel et intellectuel. Aujourd’hui ces similarités semblent avoir disparu pour voir une ville sombrer dans l’âge des ténèbres et l’autre se propulser en plein dans le cosmopolitisme des temps modernes.

Comme tout jérémien je m’enorgueillis d’avoir pris naissance dans la ville d’Emile Roumer, d’Etzer Vilaire, de René Philoctète et de l’illustre Général Alexandre Dumas, père et grand-père des célèbres écrivains français Dumas Père et Fils. Mais, en visitant ma ville natale, je ne m’empêche pas de rougir de honte quant à son état déplorable. A ce constat, l’on doit se demander, sans ambages : « Où sont les belles têtes jérémiennes ?»

Ma motivation, en écrivant cet article, ne revêt certainement pas une politique de dénigrement à l’endroit de mes compatriotes jérémiens et grand’anselais. Mon seul souci est de fouetter la susceptibilité des hommes et femmes très orgueilleux et fiers de leur ville pour le réveil d’une conscience collective devant aider à sortir, une fois pour toutes, Jérémie, la Grand’Anse et Haïti des ornières du sous-développement.

Du moins, j’espère que cette démarche ravivera l’élan de plus d’un à suivre les traces et l’exemple de notre illustre écrivain, éducateur et maire actuel des Abricots, Jean Claude Fignolé. Il a choisi de laisser le luxe de la vie urbaine pour retourner au bercail de ses origines afin de relever un défi social et de réparer cette injustice faite aux haïtiens de l’arrière-pays longtemps abandonnés à eux-mêmes et méprisés.

Il nous faut d’autres Fignolé pour saper les barrières qui entravent le développement en Haïti ainsi que la mentalité qui en constitue les obstacles. En dépit de tout, un courant de conscientisation de la part de certains jérémiens est en train de germer, un peu partout, dans la diaspora haïtienne des Etats-Unis et du Canada.

Depuis tantôt trois ans, une organisation haitiano-américaine, Poto Mitan International, dont les fondateurs sont Dr Jean Alexandre et moi, a été mise en branle, à Chicago, pour œuvrer dans les domaines suivants :
- assister les nouveaux migrants haïtiens à bien s’intégrer dans la communauté américaine ;
- encadrer les adolescents et les jeunes dans leur épanouissement social, spirituel, culturel, civique et intellectuel ;
- promouvoir la culture haïtienne dans toutes ses facettes aux Etats-Unis ;
- contribuer au développement social, culturel et économique d’Haiti.

Au Canada, George Séraphin entreprend, actuellement, l’initiative d’organiser un congrès grand’anselais, du 23 au 26 juillet prochain, à Ottawa. Il veut, nous dit-il, rallumer la bonne foi de ces grand’anselais patriotes pour les inciter à assister la Grand’Anse dans son développement.

L’établissement de Fignolé aux Abricots et son acharnement à améliorer les conditions de vie dans le « Paradis des Indiens », est un geste noble et digne de grands seigneurs quand on sait qu’il pourrait aspirer et aisément accéder à la présidence d’Haiti.

Une autre constatation doit mise en évidence et qui souligne la construction prochaine de la Route Nationale Numéro 7 devant relier Les Cayes à Jérémie. Ces travaux d’infrastructure devront être complétés en l’année 2012. On ne peut minimiser l’importance d’un tel projet quand on sait qu’il contribuera à réduire le nombre des accidents mortels de cette voie, libérer la zone de son isolement et faciliter le développement dans la Grand’Anse.

Madame Michèle Duvivier Pierre-Louis, jérémienne et Première Ministre d’Haiti pourra s’enorgueillir de cet accomplissement cher aux jérémiens qui aura été réalisé pendant son administration.

D’autres fils de la localité péninsulaire du sud-ouest d’Haiti ont essayé d’entreprendre des œuvres philanthropiques dans la Grand’Anse mais ont failli, par le manque de support des uns et le découragement venu des autres. Il faut dire que le gros de leur déconvenue vient surtout de la part de leurs proches parents et amis qui les incitent à l’abandon de leurs initiatives magnanimes. Tel est le cas auquel je suis actuellement confronté. Parfois même, ces remarques de découragement viennent de certains jérémiens, sur place, qui devraient encourager cette ardeur et ce zèle à vouloir servir son pays.

Toutefois, un grand hommage doit être rendu à un honorable jérémien qui a marqué, d’une pierre angulaire, ses efforts à contribuer au développement de sa ville natale. En effet, Dr Raymond René vient de doter Jérémie d’un large complexe devant loger une école d’infirmières et un centre culturel. Le bâtiment qui est à sa phase finale de construction est officiellement placé sous l’égide et l’administration de Poto Mitan International.

Les opérations de cet établissement débuteront dès que les formalités légales seront remplies et que les ressources financières et humaines établies. C’est une heureuse nouvelle pour la Grand’Anse car ce projet constituera une fierté grand’anselaise dès sa matérialisation complète.

Finalement, je convie tout un chacun à assister Poto Mitan International dans la bonne prestation de ses multiples services philanthropiques à Jérémie et dans la Grand’Anse. Vos suggestions et commentaires nous seront d’un grand appui dans l’accomplissement et la réussite de notre mission.

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